Histoire de l’Aigle

Cité millénaire, les premières origines connues de L’Aigle remontent à l’an 1010, date à laquelle le premier baron de L’Aigle, Fulbert Beina y édifia un château-fort…

La Risle

La présence d’un cours d’eau a souvent été essentielle à l’implantation d’une cité et L’Aigle n’échappe pas à la règle. La première appellation connue de la ville en témoigne, il s’agit du nom BEC HAM. Ce mot provient de l’association de deux mots d’origine scandinave BEC signifiant ruisseau et HAM, habitation. La rivière de la Risle apparaît alors comme un élément dominant de la ville.

Fulbert de Beina, 1er Baron de L‘Aigle

Les premiers éléments historiques concrets de la ville appartiennent au XIe siècle. C’est avec son premier Baron, Fulbert de BEINA, que la ville acquiert son identité et que commence l’histoire connue de L’Aigle. La tradition a retenu que vers l’an 1010, Fulbert de BEINA édifia un château-fort à l’endroit précis où fut découvert un nid d’aigle et décida de donner le nom d’AQUILA (aigle en latin) à la forteresse, nom dont hérita la ville.

Voici ce que nous livre Jean-François Gabriel VAUGEOIS, historien de L’Aigle qui vécut au XIXe siècle, dans « Histoire des antiquités de la ville de l’Aigle et de ses environs, L’Aigle, 1841» (page 210).

Le Moyen Âge

La ville a connu une histoire importante sous le règne des Ducs de Normandie. La forteresse de L’Aigle, qui a subsisté jusqu’au XVe siècle, était une des principales de la frontière entre les rois de France et d’Angleterre qui se la disputèrent sans cesse et l’assiégèrent plusieurs fois.

Le fils de Fulbert, Engenouf, deuxième Baron de L’Aigle fut, comme lui, fidèle aux Ducs de Normandie et jouit d’un grand crédit auprès d’eux. Aussi pieux que vaillant, il donna de nombreux biens aux serviteurs de Dieu et perdit la vie en combattant pour son prince. Il fut l’un de ceux qui contribuèrent à reconstruire l’Abbaye de Saint-Evroult et fonda le prieuré de Saint-Sulpice. Son fils, Richer, fut l’un des plus intimes conseillers de Guillaume, roi d’Angleterre. Il périt d’une flèche tirée par un enfant de dix ou douze ans lors du siège du château de Sainte-Suzanne et, dans son dernier souffle, il ordonna la clémence pour son meurtrier. La dynastie des fondateurs de L’Aigle s’éteignit après 225 ans avec Richer IV.

Vers 1235, la baronnie échut ensuite à une des branches de la maison ducale de Bretagne, qui la conserva pendant plus de 300 ans.

La ville s’est étendue derrière une seconde enceinte, qui, pendant la Guerre de Cent ans, ne suffit pas à empêcher les Anglais de prendre et de démolir la forteresse. 

Après la guerre de Cent ans, L’Aigle se relève de ses ruines et prospère grâce aux forges et à la petite métallurgie, notamment la fabrication de l’épingle. La très belle Tour Saint Martin  (fin XVe siècle) et la Portienne (une des plus vieilles cloches d’Europe) témoignent de cette période florissante.

Guerre de Religion

Vers 1554, pendant les Guerres de Religions, les terres de L’Aigle sont cédées à la famille d’AUBRAY. François d’AUBRAY fut le premier des Barons de cette famille. L’Aigle n’échappa pas aux troubles de cette période. Succédèrent au premier Baron de la dynastie d’AUBRAY : Nicolas Ier d’AUBRAY, Nicolas II d’AUBRAY, Marie d’AUBRAY. En 1588, la Baronne Marie d’AUBRAY épouse Sébastien des ACRES, seigneur de la Chapelle-Viel. Leurs descendants porteront le titre de Baron puis Marquis des ACRES de L’AIGLE.

Après une longue période de misère et de ruines amenées par la guerre de Cent Ans, la ville vécut un renouveau teinté de prospérité grâce à ses forges et ses petites industries métallurgiques.

La Révolution

À la fin du XVIIe siècle, le Marquis Louis des Acres fit construire le Château de L’Aigle à l’emplacement de l’ancienne forteresse. La construction commencée en 1690, sous l’inspiration et les plans de Jules Hardouin MANSART (1646-1708), architecte du roi, ne s’acheva que 40 ans plus tard avec Jacques Louis des ACRES, troisième Marquis de L’Aigle. En 1792, le château est vendu et le dernier Marquis des ACRES est guillotiné à Alençon.

L’ère industrielle

Le XIXe siècle est globalement une période d’évolution, la ville prospère et s’agrandit. Sous l’Empire, les industries retrouvent leur activité. Le nom de L’Aigle est lié de longue date à la fabrication des épingles et des aiguilles à laquelle le nom de la famille Bohin reste étroitement mêlé. Six mille personnes étaient employées dans la métallurgie au XIXe siècle.

Le XXe siècle est durement marqué par les deux conflits mondiaux. Près de 200 soldats aiglons trouvent la mort au cours de la guerre 1914-1918. La Seconde Guerre Mondiale frappa les hommes et aussi la ville, en particulier lors du bombardement du 7 juin 1944 qui fit 150 victimes et d’importantes destructions. L’Aigle fut libérée le 22 août 1944 par le régiment britannique de l’INNS OF COURT.